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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/292

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— 1814 —

çons que pour battre en retraite ; je veux jouer le tout pour le tout. Monsieur de Vitrolles, ajouta-t-il en élevant la voix, mon parti est pris. Mes alliés et moi, jusqu’ici, nous avons agi isolément : nous allons réunir toutes nos forces, et, coûte que coûte, nous arriverons sous Paris ! »

Cet entretien dura trois heures. Le lendemain, 18, la concentration de toutes les troupes alliées dans les plaines de Châlons était décidée, comme nous l’avons dit, malgré le roi de Prusse et le prince de Schwartzenberg ; le 19, on enjoignait aux membres du congrès de Châtillon de se séparer, et des courriers portaient à Blücher l’ordre de se trouver au rendez-vous général avec toutes ses forces ; enfin, le 20 au matin, les souverains, comme on l’a vu, quittaient Troyes, et, vers le milieu de la journée, venaient se heurter contre Napoléon sous les murs d’Arcis.

L’avant-veille, 18, après avoir écrit à M. de Dalberg une lettre que M. de Metternich se chargea de faire parvenir et qui n’arriva jamais, M. de Vitrolles était parti pour Nancy, où les rapports des commandants russes de la Lorraine aux généraux en chef annonçaient la récente arrivée du comte d’Artois. On a vu à quel moment il joignit ce prince et le danger qu’il courut en cherchant à traverser une seconde fois le théâtre des opérations militaires.

L’Empereur, pour masquer ses erreurs et ses fautes ; les partisans de l’Empire, dans un but analogue ; le peuple, les soldats, par un orgueil ou une crédulité faciles à comprendre, ont tous attribué à la trahison le résultat de la campagne de 1814. Pendant seize années, de 1814 à 1830, avoir trahi donnait des droits aux honneurs et à la fortune. Personne ne s’est fait faute de produire ses titres ; d’autres sont allés plus loin, ils en ont inventé. Nombre de gens ont même poussé l’audace jusqu’à solliciter des récompenses pour des actes de lächeté ou de friponnerie commis par eux durant la période impériale et qu’ils transformaient en témoignages de haine