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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/293

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— 1814 —

contre l’Empire et de fidélité à l’ancienne dynastie. Rarement ils ont demandé en vain le prix de leurs services menteurs. Aucune intrigue n’est donc restée sous le boisseau. Eh bien, si l’on interroge attentivement et avec conscience tous les documents, toutes les révélations relatives aux jours qui précédèrent le rappel des Bourbons, on demeure convaincu que si, pendant la campagne de 1814, on put remarquer, dans les hauts rangs de l’administration ou de l’armée, de la lassitude, du découragement ou de l’hésitation, en revanche, il n’y eut, avant le 31 mars, à Paris, comme dans l’armée conduite par l’Empereur, ni complot ni trahison, dans l’acception matérielle du mot. On a parlé de communications avec les souverains : un seul homme fut reçu par Alexandre et par les principaux ministres alliés, M. de Vitrolles ; de correspondances avec Paris : le quartier général allié n’en eut avec personne. Qu’aurait-on appris, d’ailleurs, aux coalisés ? que Paris ne serait pas défendu ? Qui le savait ? Paris, comme on le verra, renfermait des forces et des ressources suffisantes pour une résistance énergique et prolongée. D’un autre côté, lorsque, le 17 mars, M. de Vitrolles sollicitait Alexandre d’arriver à tout prix sous les murs de la capitale de l’Empire, ce souverain, le roi de Prusse et le généralissime Schwartzenberg fuyaient devant Napoléon, qui accourait alors d’Épernay et se rapprochait de Paris. L’empereur d’Autriche et tous les diplomates de la coalition, emportés par le même sentiment de terreur, devaient se sauver jusqu’à Dijon ; enfin, le 20, lorsque le mouvement de concentration des coalisés commençait, Napoléon, campé au hameau de Châtres, sur la grande route de Paris à Troyes, était placé entre les Alliés et sa capitale, et couvrait celle-ci. On sait les hésitations qui se manifestèrent au quartier général des coalisés, même après la réunion de toutes leurs masses dans les plaines de Châlons ; on n’ignore pas davantage que ce fut surtout la position prise par l’Empereur sur leurs derrières, cinq jours plus tard, lors de son mouvement sur Saint-Dizier,