Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
291
— 1814 —

moindre doute à cet égard[1]. » Il ne faut pas l’oublier : l’abbé de Pradt écrivait et publiait ces lignes en 1816, en pleine réaction royaliste, lorsque, dans les deux Chambres comme au dehors, tous les orateurs, tous les écrivains, affirmaient que, hormis quelques bonapartistes et quelques jacobins incorrigibles, la France entière s’était toujours montrée impatiente du joug impérial et n’avait jamais cessé d’invoquer le retour des Bourbons. Le Récit historique de l’ancien archevêque de Malines donnait le plus éclatant démenti aux affirmations de tous les écrivains royalistes et aux prétentions personnelles de tous les hommes officiels de cette époque de réaction furieuse. Pas une voix ne protesta.

Un seul royaliste, parti de Paris sans un autre but que de gagner la Suisse, et n’ayant pris ensuite sa mission que dans ses inspirations propres, se trouva sérieusement mêlé aux événements, avant la journée du 31 mars ; ce fut M. de Vitrolles. Veut-on savoir quelles étaient, en effet, les illusions et l’attente des autres membres de cette opinion, non les plus obscurs, mais les plus élevés par leur naissance ou par leur fortune ; non dans le fond des provinces, mais à Paris même, centre de toute nouvelle et de toute intrigue ? Ils plaçaient leurs espérances dans Bernadotte ! Bien plus : cet ancien maréchal était, à leurs yeux, l’âme de la coalition ; et, le croyant à Laon, quand il se tenait arrêté à près de cent lieues de là, derrière le Rhin, ils lui adressaient des députés chargés de solliciter son appui ! Cette mission, à laquelle devait d’abord concourir M. Maine de Biran, fut confiée à MM. Vinchon de Quémont et Gain de Montaignac, qui, arrivés à Laon le 13 mars, apprirent du général Gneizenau que Bernadotte, demeuré avec ses Suédois sur la frontière de Hollande, ne prenait plus part, depuis deux mois, aux opérations des coalisés. Ce général leur conseilla de s’adresser à Alexandre. Revenus en toute hâte à Paris, et obligés, pour une nouvelle entente,

  1. Récit historique de l’abbé de Pradt, pages 38, 39.