Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
292
— 1814 —

de forcer la porte des sommités du faubourg Saint-Germain, qui fuyaient leur contact dans la crainte de se compromettre, ils se mirent, le 21 mars, à la recherche de l’empereur de Russie. Incertains de leur route, obligés à de longs détours, ils remontèrent la Loire jusqu’à la Charité, se jetèrent dans le Morvan, et, le 26, atteignirent enfin Dijon, où venaient d arriver l’empereur d’Autriche et les principaux ministres de la coalition, fuyant depuis Troyes, comme nous l’avons dit, à la suite du second mouvement de retraite de Schwartzenberg. Ce fut là seulement que ces députés apprirent l’entrée du comte d’Artois à Vesoul, puis à Nancy ; on ne connaissait, lors de leur départ de Paris, que son arrivée en Suisse. Repoussés d’abord par les ministres étrangers, ils obtinrent, au bout de quelques jours de démarches, des lettres de M. de Metternich, de lord Castlereagh et du baron de Stein. Mais Paris, quand ils y revinrent, était, depuis huit jours, au pouvoir des chefs militaires alliés.

On a vu dans le chapitre précédent que c’est le 25 mars, cinq jours après avoir quitté Troyes, qu’Alexandre, le roi de Prusse et le prince de Schwartzenberg, étaient partis de Châlons pour tenter un coup de main sur la capitale de l’Empire. Leur principale colonne suivait la route de Montmirail ; arrivée entre Bussy-l’Évêque et Vatry, ses coureurs rencontrèrent les corps des maréchaux Marmont et Mortier, que Napoléon avait d’abord laissés sur l’Aisne pour contenir Blücher, mais qui, rappelés ensuite par lui quand il s’était décidé à opérer sur les derrières des Alliés, essayaient alors de le rejoindre sur la haute Marne. Marmont avait sous ses ordres 3,500 hommes d’infanterie et 1,500 chevaux ; Mortier commandait à 6 ou 7,000 hommes. Obligés de battre en retraite devant l’avalanche de soldats qui se précipitait en ce moment de Chalons sur Paris, les deux maréchaux se replièrent, par les défilés de Somesous, dans la direction de Fère-Champenoise. Atteints à peu de distance de cette ville, entourés et assaillis