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— 1800 - 1807 —

où la simplicité des expressions s’alliait à la noblesse de la pensée ; elle reçut la publicité la plus étendue ; tous les journaux étrangers la reproduisirent. La sensation qu’elle causa fut assez grande pour entraîner tous les autres membres de la famille de Bourbon à prendre part à cette protestation et à joindre leur voix à la voix du chef de leur race ; le comte d’Artois, les ducs d’Angoulême et de Berri, le duc d’Orléans, le prince de Condé, les ducs de Bourbon et d’Enghien, et le prince de Conti, signèrent, à cette occasion, la déclaration suivante :

« Nous, princes soussignés, frère, neveux et cousins de Sa Majesté Louis XVIII, roi de France et de Navarre, pénétrés des mêmes sentiments dont notre souverain seigneur et roi se montre si glorieusement animé dans sa noble réponse à la proposition qui lui a été faite de renoncer au trône de France et d’exiger de tous les princes de sa maison une renonciation à leurs droits imprescriptibles de succession à ce même trône, déclarons :

Que notre attachement à nos devoirs et à notre honneur ne pouvant jamais nous permettre de transiger sur nos droits, nous adhérons de cœur et d’âme à la réponse de notre roi ;

Qu’à son illustre exemple, nous ne nous prêterons jamais à la moindre démarche qui puisse avilir la maison de Bourbon ;

Et que, si l’injuste emploi d’une force majeure parvenait (ce qu’à Dieu ne plaise !) à placer de fait, et jamais de droit, sur le trône de France tout autre que notre roi légitime, nous suivrions avec autant de confiance que de fidélité la voix de l’honneur qui nous prescrit d’en appeler, jusqu’à notre dernier soupir, à Dieu, aux Français et à notre épée. »

Bonaparte connut ces documents par les agents de la République à l’étranger et par les journaux. Il était alors en plein travail de sa dictature impériale. Ces refus retentissants à des demandes qu’il n’avait point faites l’irritèrent profondément. Blessé dans son orgueil, inquiété dans ses plans d’ambition, il attendit durant toute une année le moment de repousser l’accusation de Louis XVIII et des siens, et de détruire jusqu’à l’apparence même d’un accord possible entre