de quelques-uns, où l’intérêt des masses a presque toujours été sacrifié aux exigences de minorités aveugles ou cupides, ce levier, dans son application, était uniquement destiné à devenir le prétexte d’emprunts sans limites. Constitué en 1816, sur les bases les plus puissantes, non-seulement, au bout de trente ans de paix, l’amortissement ne devait rien amortir, mais le capital de la dette publique devait se trouver quintuplée[1].
Nous avons dit le déplorable rôle politique de M. Louis dans les premiers jours d’avril ; nous rendrons justice à ses actes comme ministre des finances du nouveau gouvernement. Il était difficile d’exposer d’une manière plus lucide notre position financière, de se montrer plus équitable envers les créanciers de l’Empire, et d’émettre des vues plus saines pour l’administration de la fortune publique. Le résultat fut immédiat : le cours de la dette publique s’éleva de près de 25 pour 100.
Le plan financier du baron Louis n’obtint pourtant pas une approbation unanime. Il excita le mécontentement de quelques royalistes, qui trouvaient exorbitant de faire payer à tous les Français, aux bons comme aux mauvais, à ceux que la Révolution avait ruinés comme à ceux qu’elle avait enrichis, les charges laissées à l’État par la République et par l’Empire. Ils proposaient de faire dresser dans toutes les paroisses du royaume deux tableaux : l’un, comprenant toutes les personnes connues par leur attachement à Buonaparte et qui osaient le plaindre ou le regretter ; l’autre, où seraient inscrits tous ceux qui, n’ayant rien ou ayant peu de chose avant 1789, se trouvaient posséder, en 1814, des hôtels, des terres ou des châteaux. Les premiers auraient à donner la moitié de leur fortune à titre d’indemnité pour les ruines que leur héros avait causées dans le pays ; on se montrait plus généreux avec les seconds : non-seulement on proposait de leur abandonner l’intégralité des biens qu’ils pouvaient posséder en 1789,
- ↑ Nous rappellerons que ce volume a été publié, pour la première fois, en 1844.
