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— 1814 —

officiers en activité de service ou morts devant l’ennemi, furent exclusivement attribuées, par une ordonnance du 30 juillet, aux enfants de cette noblesse qui, pendant vingt ans, s’était déclarée en état de guerre ouverte contre la France. Il y a plus : cette ordonnance, contre-signée par le général Dupont, remettait en vigueur l’édit de janvier 1751, édit qui exigeait, pour l’admission dans ces écoles, des preuves de noblesse remontant à cent années, et qui en fermait ainsi l’entrée à la noblesse impériale en masse, même, chose bizarre ! aux enfants du ministre promoteur et signataire de la mesure. Le mal n’était pas dans cette ligne de démarcation établie entre les anciens nobles et les nobles nouveaux ; ces débats de prérogatives et de vanités auraient laissé la France fort indifférente ; mais, comme il n’existait pas encore de loi qui réglât l’avancement dans l’armée, les écoles militaires restaient le seul moyen légal d’obtenir le grade d’officier, et l’ordonnance se trouvait dès lors annuler l’article de la Charte qui déclarait tous les Français également admissibles à tous les emplois. Il n’était pas jusqu’au style de ces ordonnances qui ne fût une menace de chaque jour contre les conquêtes politiques des vingt dernières années ; un grand nombre étaient ainsi formulées : « À ces causes, de notre pleine puissance et autorité royale, nous avons dit et déclaré, et, par ces présentes, disons et déclarons... car tel est notre plaisir. » Enfin, la Monarchie, à entendre une partie des courtisans et du public officiel, ne pouvait espérer de salut hors de l’ancien régime, ni ne devait admettre aucune transaction avec la Révolution, ses principes et ses hommes. Si la royauté n’avait pas encore sévi, disaient-ils, c’est parce qu’elle avait besoin de prendre des forces et de grandir. Une fois le gouvernement royal solidement établi, ajoutaient les plus fougueux, les régicides seraient écartelés, les autres coupables pendus, envoyés aux galères ou en prison, et leurs biens confisqués ou frappés d’énormes amendes, selon le degré de participation de chacun d’eux aux faits des vingt-cinq dernières années. Ces exagérations folles portaient