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zèle, comme nous aurons bientôt à le dire, jusqu’à faire intervenir son nom dans un mouvement politique qui faillit, quelques jours avant le 20 mars, précipiter Louis XVIII dans l’abîme où l’entraînaient fatalement les sottises de ses courtisans et les fautes de ses ministres.

Ces fautes, on l’a vu, étaient sans nombre. Napoléon n’avait pas laissé un seul homme de gouvernement après lui. Aucune supériorité politique, à la vérité, n’aurait pu se manifester sous son règne ; l’Empereur était toute l’intelligence, toute la force de son Empire, et on ne le servait qu’à la condition de s’absorber dans sa personne. Fouché et M. de Talleyrand, les individualités les plus marquantes de son gouvernement dans l’ordre civil, n’étaient, l’un qu’un homme d’intrigue, l’autre qu’un homme d’esprit. Ce n’étaient point les émigrés revenus avec Louis XVIII qui pouvaient remplir le vide : leur ignorance de l’administration était si grande, que le roi avait été obligé de recourir, pour son gouvernement, à des fonctionnaires du régime impérial, médiocrités laborieuses, instruments dociles, comme tous les hommes sortis de cette école, et qui montrèrent la plus complète insuffisance dès que la puissante main qui les faisait mouvoir se fut retirée d’eux. Dépourvus d’initiative, habitués à obéir, les ministres du pouvoir nouveau cherchaient vainement une direction. Louis XVIII ne pouvait la leur donner : vingt-cinq ans d’absence et de repos avaient rendu ce prince complètement étranger aux affaires. Ce qui lui plaisait de la royauté, d’ailleurs, c’étaient les honneurs ; quant aux charges, il les abandonnait à l’homme le plus nul peut-être de sa cour, à un émigré aussi vain qu’incapable, au comte de Blacas.

On comprendrait mal les événements de la première Restauration, si l’on ne faisait pas une large part à l’influence que Louis XVIII, peu de mois après son retour, laissa prendre à ce personnage. La position de M. de Blacas n’était point celle de premier ministre ; il ne fut ni le Richelieu ni le Mazarin de la première Restauration. Mais il eut, comme favori, un cré-