Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
156
— 1815 —

pèce de centre commun, était pour eux tous une station obligée avant d’arriver au cabinet du roi : annoncés ou présentés par lui dans le cabinet du souverain, où, d’habitude, leur admission était isolée, ils se bornaient à soumettre à la signature de Louis XVIII le travail préparé dans leurs bureaux. Rarement ils s’assemblaient devant le roi ; encore n’était-ce point pour discuter ; ils y étaient en audience plutôt qu’en conseil. Aussi les chefs des bureaux de la marine, durant la longue vacance de ce département, avaient-ils suffi à l’expédition des affaires. L’un d’eux portait le travail à M. de Blacas, qui le présentait à la signature de Louis XVIII, et la marine se trouvait administrée. Cette étrange organisation ministérielle fut, en partie, cause des mesures fausses ou incohérentes, des inconséquences et des inconcevables étourderies qui signalèrent le gouvernement de la première Restauration. Tout cela peut sembler incroyable ; tout cela est vrai pourtant, et doit expliquer une des faces de l’événement qui se préparait.

Seul, M. de Talleyrand aurait pu trouver dans sa position exceptionnelle et dans le souvenir des services rendus la force de donner l’éveil à Louis XVIII ; mais, depuis le mois de septembre précédent, il se trouvait à Vienne. C’était d’ailleurs sur cette capitale que M. de Blacas attachait ses regards, et non sur la France ; le congrès et ses déchirements étaient toute sa préoccupation et sa seule inquiétude. Il est temps de parler de cette assemblée.

L’article 52 de l’acte de pacification, signé à Paris le 30 mai 1814, indiquait un délai de deux mois pour la réunion, dans la capitale de l’Autriche, d’un congrès chargé de compléter les dispositions de ce traité. Le voyage des souverains en Angleterre, le retour, puis le séjour d’Alexandre dans ses États ; d’autres circonstances imprévues, mais sans importance sérieuse, en avaient retardé l’ouverture. On convint, après plusieurs remises successives, de s’assembler le 1er octobre.

L’objet de ce congrès avait été plus amplement défini en ces termes par le premier des cinq articles secrets du traité