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— 1815 —

Qu’en attendant que ces trois points fussent réglés, les plénipotentiaires des quatre puissances alliées, réunis à ceux de France et d’Espagne, s’occuperaient des autres questions d’un intérêt général. »

Ainsi la France était exclue de la discussion des trois questions principales ; les quatre grandes puissances devaient les régler entre elles, contre nous et sans nous. Arrivé à Vienne le surlendemain 24, M. de Talleyrand eut ce bonheur inattendu que lord Castlereagh lui vint en aide. Ministre d’un gouvernement constitutionnel, obligé d’agir, les regards toujours tournés vers les deux tribunes du parlement britannique, lord Castlereagh n’était pas aussi libre dans ses actes que ses collègues de Russie, de Prusse et d’Autriche, ministres de monarchies absolues, et pouvant consulter à toute heure leurs souverains, qui tous les trois se trouvaient à Vienne. Dégagée, d’ailleurs, des craintes que lui inspirait Anvers, dont elle venait de confier la possession et la garde à une puissance créée dans le but exprès de défendre ce port contre nous (le royaume des Pays-Bas) ; remise en possession du Hanovre, maîtresse de Malte, des îles Ioniennes ainsi que des plus importantes et des plus riches colonies de la France et de la Hollande, l’Angleterre avait sa part faite, et devait, dès lors, s’efforcer de contrarier l’agrandissement des puissances ses rivales, plutôt que d’y prêter les mains. Or la cour de Londres ne pouvait arriver à ce résultat qu’à la condition de ne pas rester seule contre trois, et, pour y réussir, il était nécessaire que le nombre des parties contractantes et celui des votants fussent augmentés. Lord Castlereagh ne se borna donc pas à refuser de signer le protocole du 22 ; le 23, il remit aux plénipotentiaires des trois grands États une note où il déclarait « que, bien que les quatre puissances eussent seules titre et qualité pour proposer les arrangements résultant du premier article secret du traité de Paris, cependant il avait toujours été entendu que ces conventions seraient soumises à une discussion franche, libre, et à laquelle toutes