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— 1815 —

les autres puissances prendraient part comme parties actives. »

M. de Talleyrand, fort de cette déclaration, intervint à son tour, et, de concert avec le ministre d’Espagne, il remit aux représentants des quatre puissances une protestation dans laquelle il disait « que, si la France avait à l’avance reconnu les arrangements que pourraient arrêter les Alliés, cette reconnaissance ne pouvait s’entendre que d’arrangements positifs, non de faits éventuels ; et que toute disposition qui n’était pas convenue au moment de l’ouverture du congrès, entre tous les Alliés, était censée ne pas exister. » Quant à la dénomination de puissances alliées, prise par les cours de Londres, de Vienne, de Saint-Pétersbourg et de Berlin, M. de Talleyrand ajoutait « qu’elle n’était plus fondée ; que le traité de paix de Paris avait rendu l’alliance commune à tous les États qui y avaient concouru, et que le mot alliés devait s’appliquer, non à quelques-uns, mais à tous. »

Les arguments de notre plénipotentiaire auraient probablement échoué devant l’incroyable engagement pris par lui-même dans les articles secrets du traité du 30 mai, si la scission faite par le représentant anglais n’avait brisé le faisceau jusqu’alors formé par les quatre grands États ; après quelques conférences et de nouvelles notes, on convint que la proposition et la discussion de toutes les questions appartiendraient à la réunion des représentants des huit cours qui avaient concouru au traité de Paris[1]. Leurs plénipotentiaires, au nombre de vingt, prirent le nom de comité des huit puissances, ou simplement des huit. Ce fut ce comité qui constitua en réalité le congrès[2]. Des commissions spéciales, composées de

  1. La Russie, l’Autriche, l’Angleterre, la Prusse, l’Espagne, le Portugal, la Suède et la France.
  2. Voici les noms des vingt plénipotentiaires composant le comité des huit puissances :
    Autriche. — Le prince de Metternich, le baron de Weissenberg ;
    Russie. — Le comte de Razumowski, le comte de Stakelberg, le comte de Nesselrode ;
    France. — Le prince de Talleyrand, le duc de Dalberg, le comte de Latour-du-Pin, le comte Alexis de Noailles ;