les autres puissances prendraient part comme parties actives. »
M. de Talleyrand, fort de cette déclaration, intervint à son tour, et, de concert avec le ministre d’Espagne, il remit aux représentants des quatre puissances une protestation dans laquelle il disait « que, si la France avait à l’avance reconnu les arrangements que pourraient arrêter les Alliés, cette reconnaissance ne pouvait s’entendre que d’arrangements positifs, non de faits éventuels ; et que toute disposition qui n’était pas convenue au moment de l’ouverture du congrès, entre tous les Alliés, était censée ne pas exister. » Quant à la dénomination de puissances alliées, prise par les cours de Londres, de Vienne, de Saint-Pétersbourg et de Berlin, M. de Talleyrand ajoutait « qu’elle n’était plus fondée ; que le traité de paix de Paris avait rendu l’alliance commune à tous les États qui y avaient concouru, et que le mot alliés devait s’appliquer, non à quelques-uns, mais à tous. »
Les arguments de notre plénipotentiaire auraient probablement échoué devant l’incroyable engagement pris par lui-même dans les articles secrets du traité du 30 mai, si la scission faite par le représentant anglais n’avait brisé le faisceau jusqu’alors formé par les quatre grands États ; après quelques conférences et de nouvelles notes, on convint que la proposition et la discussion de toutes les questions appartiendraient à la réunion des représentants des huit cours qui avaient concouru au traité de Paris[1]. Leurs plénipotentiaires, au nombre de vingt, prirent le nom de comité des huit puissances, ou simplement des huit. Ce fut ce comité qui constitua en réalité le congrès[2]. Des commissions spéciales, composées de
- ↑ La Russie, l’Autriche, l’Angleterre, la Prusse, l’Espagne, le Portugal, la Suède et la France.
- ↑ Voici les noms des vingt plénipotentiaires composant le comité des huit puissances :
Autriche. — Le prince de Metternich, le baron de Weissenberg ;
Russie. — Le comte de Razumowski, le comte de Stakelberg, le comte de Nesselrode ;
France. — Le prince de Talleyrand, le duc de Dalberg, le comte de Latour-du-Pin, le comte Alexis de Noailles ;