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arrêter la reconstitution du corps germanique, tel qu’il existe aujourd’hui. En revanche, les derniers jours de février virent enfin se terminer la périlleuse question de la Saxe. Chaque souverain, de guerre lasse, et redoutant à chaque heure de voir le congrès se dissoudre, se soumit à des concessions ; assez de difficultés restaient encore à débattre : ce fut la note présentée par M. de Metternich, le 28 janvier, qui servit de base à la transaction. Le royaume de Saxe renfermait 2,000,000 d’habitants : on lui en laissa 1,300,000 ; les 700,000 autres furent donnés au roi de Prusse, qui recevait, en outre, le duché de Posen et des territoires sur les deux rives du Rhin. Ce souverain insista pendant plusieurs jours pour obtenir Leipsick ; il dut y renoncer et laisser cette ville au roi de Saxe. Lorsque tous ces arrangements furent convenus, on invita Frédéric-Auguste à les ratifier. Ce prince se contenta de répondre qu’il n’était point libre. Les souverains l’autorisèrent à quitter Friedrichofeld et à choisir aux environs de Vienne un lieu où, dégagé de la surveillance à laquelle il avait jusqu’alors été soumis, il pourrait librement entendre les commissaires du congrès. Le roi consentit à cette entrevue, et se rendit, le 4 mars, à Presbourg. La transaction que le congrès allait lui faire notifier aurait dû soulever, à un double titre, l’opposition de notre plénipotentiaire. D’une part, le principe de la légitimité s’y trouvait entièrement sacrifié ; en second lieu, cette transaction, en affaiblissant un État secondaire et éloigné au profit d’une puissance de premier ordre que la conquête venait de porter jusque sur notre frontière, blessait tous les intérêts de la France. Non-seulement M. de Talleyrand ne fit pas la moindre observation, mais il prenait si peu au sérieux ses déclarations les plus solennelles, la dignité de son pays, et lui-même, qu’il consentit à se trouver au

    M. Alexis de Noailles, fut prononcé par un abbé d’origine française, M. Zaignelins, curé de Sainte-Anne de Vienne. « Des larmes réparatrices coulèrent de tous les yeux, » dirent les journaux de l’époque, et M. de Talleyrand, gagné par l’attendrissement général, pleura !