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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/231

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— 1815 —

faire ce qui sera nécessaire. » M. de Vitrolles, ayant rencontré le maréchal sur le pont Royal, tous deux revinrent aux Tuileries. Le maréchal refusait de croire à la nouvelle. La réponse qu’il transmit par la voie télégraphique à Lyon se ressentit de ce premier doute ; il ne prescrivait aucune mesure, et se bornait à annoncer des ordres pour le lendemain. Dans la soirée, pourtant, M. de Vitrolles fit décider le départ du comte d’Artois pour Lyon, l’envoi du duc de Bourbon dans la Vendée, et la formation des 30,000 hommes déjà mis en mouvement pour observer les Alpes, en trois corps distincts, ayant leurs quartiers généraux à Lyon, à Marseille et à Besançon. Ces trois corps, destinés à enfermer Napoléon entre les Alpes et la barrière continue formée par le Doubs, la Saône et le Rhône, devaient être placés sous le commandement du comte d’Artois et de ses deux fils. Le comte, placé au centre de la ligne, à Lyon, serait appuyé, sur la gauche, par le duc de Berri occupant Besançon, et sur la droite par le duc d’Angoulême gardant Marseille. Ce dernier se trouvait alors à Bordeaux. Un courrier lui porta, le soir même, l’ordre de quitter cette ville, de se rendre dans le chef-lieu des Bouches-du-Rhône, et d’y prendre le commandement des cinq divisions militaires du Midi. Ces dispositions, inspirées par M. de Vitrolles, n’étaient acceptées que comme mesures de précaution ; car personne, hormis le secrétaire des conseils de Louis XVIII, ne se montrait alarmé. Loin de là, M. de Blacas, la plupart de ses collègues, ainsi que les personnes composant l’intimité du roi et du comte d’Artois, n’éprouvaient qu’une crainte, c’est que la nouvelle ne fût pas fondée. La réponse suivante de M. Dandré à Louis XVIII résume le langage et les opinions de tous les habitués de la cour : « Vraiment, Sire, s’écria le directeur général de la police lorsque le roi lui apprit le débarquement de l’Empereur, ce coquin de Bonaparte aurait été assez insensé pour débarquer ! Il faut en remercier Dieu ; on le fusillera : et nous n’en entendrons plus parler. »