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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/286

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— 1815 —

matériels, essayèrent de résister. Ce fut la crainte d’un nouveau blocus et d’une interruption dans les affaires commerciales, résultat probable d’une nouvelle lutte contre l’Europe, qui les souleva. Les Bourbons, pour ces populations, n’étaient qu’un drapeau. Leur opposition, du reste, ne devait être ni longue ni bien décidée ; elle allait céder devant l’envoi de deux ou trois généraux et de quelques centaines de soldats. Avant de raconter les incidents essentiels de cette courte résistance, nous suivrons Louis XVIII depuis son départ des Tuileries jusqu’à son installation à Gand.

Le roi, le jour même de son départ, arriva à Abbeville vers les cinq heures du soir ; il s’y arrêta dans l’intention d’attendre sa maison militaire, ainsi que plusieurs détachements de volontaires, qui, partis du Champ de Mars à l’heure où lui-même quittait les Tuileries, devaient le rejoindre sous la conduite du comte d’Artois, du duc de Berri et du duc de Raguse. Le lendemain 21, le maréchal Macdonald, précédant les princes et les corps qu’ils conduisaient, entra dans Abbeville, et fit observer au roi qu’il y avait péril pour lui à rester plus longtemps dans le département de la Somme. La retraite sur Lille, disait-il, pouvait être coupée par les garnisons du Pas-de-Calais, qui n’attendaient sans doute que la nouvelle de l’entrée de Napoléon à Paris pour se prononcer en sa faveur. Il ajouta que l’armée en masse faisait défection, et que les ducs de Bellune et de Reggio, ayant, à leur tour, voulu retenir dans le devoir les troupes de la 5e division militaire, ainsi que les garnisons de Metz et de Nanci, avaient vu les soldats repousser leurs exhortations et leurs ordres, et fouler aux pieds la cocarde blanche. Louis XVIII transmit immédiatement à son frère et à son neveu l’ordre de quitter la route de Beauvais, et de se porter par Amiens sur Lille, où lui-même allait se rendre. Le lendemain 22, il fit son entrée dans cette dernière ville aux acclamations de la garde nationale et de la population. L’attitude de la garnison, que commandait le maréchal Mortier, sous les ordres du duc d’Orléans, fut, en revanche,