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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/294

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— 1815 —

sernes, les revues qu’elle passa, et les banquets donnés par la garde nationale à la troupe de ligne, laissèrent encore place à l’illusion. L’enthousiasme était toujours aussi bruyant, les serments de fidélité aussi fréquents et aussi nombreux. Mais, vers le 20, l’attitude de la troupe et d’une partie de la garde nationale elle-même devint plus réservée. On connaissait les progrès de l’Empereur. Vers le 24, la tiédeur et l’hésitation augmentèrent. Le général Donnadieu, chassé de Tours par ses troupes, et M. de Vitrolles, parti de Paris avec le titre de commissaire extraordinaire du roi pour le Midi, venaient d’arriver. On apprit par ce dernier le départ de Louis XVIII pour Lille. Le lendemain, MM. de Sèze et Lainé, fuyant de Paris, annoncèrent l’entrée de Napoléon dans cette capitale.

M. de Vitrolles arrivait avec la pensée de réaliser dans le Midi le plan de résistance qu’il avait vainement proposé pour l’Ouest[1]. Il ne voulait rien de moins que maintenir sous le drapeau blanc tous les départements compris entre les Pyrénées, l’Océan et la Méditerranée, depuis l’embouchure de la Gironde jusqu’aux Alpes. Dans son projet, la duchesse d’Angoulême devait maintenir, à l’aide de Bordeaux, les départements voisins de l’Océan ; le duc, à l’aide de Marseille et des garnisons de Montpellier, de Nîmes, d’Avignon, de Toulon et d’Antibes, garantirait la fidélité du littoral méditerranéen ; M. de Vitrolles se chargeait personnellement de contenir les départements intermédiaires. Après avoir communiqué son plan à la duchesse, M. de Vitrolles partit pour Toulouse, où il voulait établir le centre et le siège de son autorité. La duchesse resta, décidée à la plus énergique résistance.

Ses efforts prirent une activité nouvelle : la nuit, elle écrivait des dépêches et lisait des rapports ; le jour, elle parcourait le port et la ville, pressant l’enrôlement des volontaires, excitant le zèle des autorités. Quelques symptômes de fâcheux augure ayant été signalés parmi la troupe, elle ordonna, le 26,

  1. Voyez le chapitre précédent, pages 259-260.