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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/295

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— 1815 —

une revue de toute la garnison. Les soldats y parurent, mais froids, silencieux, et l’on put remarquer que presque tous avaient enlevé la plaque à fleurs de lis placée au-dessus de la visière de leurs shakos. Deux nouvelles, reçues ce jour-là même, vinrent ajouter aux embarras de la position : le commandant de Blaye, dont on se défiait déjà, avait refusé les portes de la forteresse à un détachement de la garde nationale bordelaise envoyé par la duchesse pour relever la garnison ; et le général Clausel, nommé par l’Empereur commandant de la 11e division militaire, s’avançait sur Bordeaux. L’approche de ce général, il est vrai, ne devait pas sembler inquiétante : Bordeaux était défendu par la double barrière de la Dordogne et de la Garonne, et, en outre, on savait que Clausel avait quitté Angoulême le 28 mars avec deux aides de camp pour toute escorte. Ce qu’on ignorait, en revanche, c’est que, la veille, il avait expédié au commandant militaire de Blaye un officier supérieur, porteur d’ordres qui devaient lui donner les soldats dont il manquait.

Le général Clausel, arrivé à Montlieu, y avait rencontré 30 gendarmes chargés précisément par la duchesse d’éclairer la route et d’arrêter tout ce qui viendrait de Paris. Ces gendarmes, au lieu de s’opposer à la marche du lieutenant de Napoléon, se mirent sous ses ordres, et ce fut avec cette escorte qu’il entra, le 31, à Saint-André de Cubzac, sur la rive droite de la Dordogne, où l’avaient précédé de quelques heures, ainsi qu’il s’y attendait, 150 fantassins du 62e de ligne, envoyés par le commandant de Blaye pour s’emparer de Saint-André et de son pont. 300 volontaires bordelais ayant deux pièces d’artillerie défendaient la ville. Ils n’avaient pas tenu, et s’étaient enfuis, laissant au pouvoir du détachement de Blaye bon nombre de prisonniers et leurs deux pièces de canon. Mais le pont volant, établi en face de Saint-André, se trouvait coupé, et, sur l’autre rive, étaient postés 500 hommes de la garde nationale de Bordeaux avec trois pièces de campagne.