Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
300
— 1815 —

faire de Toulon et de ses richesses, le gage de secours pécuniaires qu’aurait fournis au roi, son oncle, le cabinet britannique[1].

Avant de raconter la courte campagne de ce prince dans la vallée du Rhône, nous dirons le résultat des efforts du baron de Vitrolles pour l’installation, dans le Midi, d’un gouvernement royal destiné à soutenir la double résistance du duc et de la duchesse d’Angoulême à Marseille et à Bordeaux.

M. de Vitrolles, arrivé à Toulouse le 28 mars, s’était immédiatement emparé de tous les pouvoirs. Seuls, les généraux commandant la division et les troupes, s’ils ne contestaient ni sa mission, ni son titre, osaient discuter ses ordres. Informé que le maréchal Pérignon, homme faible, sans volonté, et facile à l’obéissance, résidait à quelques lieues de Toulouse, il le fit venir et l’investit, au nom du roi, de la plénitude de l’autorité militaire. Toute opposition, dès lors, disparut. Une fois maître de la force armée et de l’administration, M. de Vitrolles se mit en correspondance avec les préfets de vingt-sept départements, créa un Moniteur[2], éloigna de sa capitale improvisée les officiers et les détachements dont il suspectait la fidélité, et organisa, à l’aide de nombreux volontaires, une sorte d’armée royale qu’il dirigea sur Alby. Le préfet de cette ville venait d’y faire arborer le drapeau tricolore ; le receveur général refusait de solder des dépenses ordonnancées par le représentant du roi. Les volontaires, au nombre de près de 4,000, avaient l’ordre de rétablir le drapeau blanc et de s’emparer du receveur général et du préfet, sur lesquels M. de Vitrolles entendait faire un exemple.

Ces soins, œuvre de quelques jours, conduisirent le repré-

  1. « Le duc d’Angoulême, qui déjà m’avait enlevé trois régiments, voulait encore prendre ceux qui étaient à Toulon, et il m’a fait dire par M. de Rivierre que son intention était de donner ce port en dépôt aux Anglais, qui fourniraient, en retour, de l’argent au roi de France. Dans une situation aussi difficile, je me déterminai, après avoir mis Antibes en état de siège, afin de la soustraire à l’autorité du préfet du Var, à me rendre à Toulon, afin de conserver à Votre Majesté cette place et sa marine. » (Rapport du maréchal Masséna à l’Empereur. — Moniteur du 19 avril.)
  2. Il en parut quatre numéros.