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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/308

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— 1815 —

tement sa marche, et, dans la soirée, arriva sur la Drôme, dont le pont se trouvait défendu par 7 ou 8 compagnies de garde nationale, plusieurs pelotons du 39e de ligne, quelques artilleurs du 8e, un petit nombre de cavaliers du dépôt du 4e de hussards, et par quelques jeunes gens de Valence, qui, formés en volontaires peu de jours auparavant, à l’occasion du passage du comte d’Artois, venaient combattre son fils, tant sont sérieuses ces démonstrations de zèle officiel qui entraînent cependant à tant de fautes les princes et les gouvernements ! Attaqués le soir même du 1er avril par des forces décuples, les détachements impériaux durent se retirer après un combat de courte durée. C’est à cet engagement du pont de la Drôme que se rapporte un bruit qui souleva à cette époque l’indignation de l’armée. On racontait qu’au début de l’attaque, les soldats du 10e de ligne, l’un des régiments qui marchaient avec le duc, s’étaient présentés à l’entrée du pont en arborant le drapeau tricolore ; qu’après avoir franchi le passage sans obstacle à l’aide de ce signe d’alliance ils avaient traîtreusement tiré sur les soldats du 39e, qui s’approchaient, croyant embrasser des frères d’armes. Ce bruit n’avait rien de fondé. Le 10e de ligne, à quelques jours de là, rentra dans les rangs de l’armée impériale : une enquête sévère, confiée

    le duc d’Angoulême à la duchesse sa femme ; mais il avait rassemblé tous les mauvais sujets du pays. Je suis persuadé que nous n’en entendrons plus parler. Je vais travailler à désorganiser tous les régiments... Fais faire un petit bulletin exagéré de l’affaire (attaque du 30), et répands-le, je te prie, le plus que tu pourras. » — « Bonaparte n’a laissé de troupes nulle part, écrivait, de son côté, le comte de Guiche à sa mère ; les maréchaux sont fidèles, à l’exception d’un seul, que nous pendrons incessamment (Ney). Nous entrerons sans coup férir à Lyon, où l’on nous appelle... Très-bonne mère, je me sens inspiré ; voici mon pressentiment : dans un mois le roi de France sera dans sa capitale. Je crois qu’il nous en faudra pendre et fusiller plusieurs. Dans ce moment tous les Français sont passés au creuset, et la main de Dieu a désigné la séparation à faire entre le bon grain et l’ivraie ; c’est au feu que l’ivraie doit être jetée : alors nous serons tous purs et dignes du gouvernement paternel de notre roi... Je ne pense pas que nous restions longtemps ici. Lyon est dans l’attente de notre vengeance et n’a pas un soldat. » (Moniteur du 8 avril 1815.)