Aller au contenu

Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
— 1815 —

au maréchal Suchet, établit d’une manière irrécusable que si, dans cette triste rencontre, le sang français avait coulé, répandu par des mains françaises, l’honneur militaire, du moins, était resté sauf, et qu’il n’y avait eu trahison d’aucun côté[1].

Le 3 avril, le duc d’Angoulême entra dans Valence, que le général Debelle avait évacuée, dès la veille, pour se replier au delà de l’Isère. Les forces du duc s’élevaient à ce moment à 5 ou 6,000 hommes, composés du 10e de ligne commandé par le comte d’Ambrugeac, du 1er régiment étranger, de volontaires appartenant aux trois départements de l’Hérault, du Gard et de Vaucluse, et de huit pièces d’artillerie. Le 4, le prince, après avoir destitué les principales autorités et nommé de nouveaux fonctionnaires, se porta sur Romans, et s’empara du pont de l’Isère. Ce fut son dernier succès. Il dut s’arrêter devant les forces qui, de Lyon, accouraient à sa rencontre.

Ces forces se composaient exclusivement de gardes nationaux. Lyon, où les royalistes croyaient entrer sans coup férir, et qui n’attendait, disaient-ils, que le moment de leur ouvrir ses portes, fournit à lui seul 9,000 volontaires. Les adolescents de son lycée et les élèves de son école vétérinaire étaient partis les premiers. La Bourgogne, de son côté, s’était mise en mouvement ; ses gardes nationaux arrivèrent bientôt en nombre si considérable, que le général Grouchy, nommé au commandement de toutes les troupes opposées au duc d’Angoulême, fut obligé d’envoyer des courriers pour arrêter le départ et la marche de ces bataillons. En même temps que ces volontaires s’apprêtaient à arrêter de front les troupes royales, le 58e et le 83e de ligne, partis de Grenoble, descendaient l’Isère et menaçaient de prendre en flanc la colonne du duc d’Angoulême. Ce prince, pour ne pas se trouver entre deux feux dut rétrograder ; le 5, son avant-garde quitta Romans après avoir mis le feu au pont ; et le duc lui-même, dans

  1. Les résultats de cette enquête furent publiés dans le Moniteur du 25 avril.