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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/317

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— 1815 —

jesté. » L’Empereur, déjà ébranlé par les flatteries et par les protestations du duc d’Otrante, ne sut pas résister à cette dernière preuve d’habileté et de dévouement. Il devait apprendre, à moins de six semaines de là, que la moralité, même en politique, ne se supplée pas, et que les souverains, comme les autres hommes, n’acceptent jamais avec impunité les services des malhonnêtes gens.

Ces nominations laissaient sans titulaires les départements des affaires étrangères et de l’intérieur. Ce dernier ministère avait d’abord été proposé à M. Molé ; mais, soit que le fardeau lui parût au-dessus de ses forces, soit qu’il craignît de s’engager trop fortement avec un pouvoir encore à son début, M. Molé fit attendre sa réponse ; et, sur le conseil du duc de Bassano, ce portefeuille fut donné à un général dont le nom se rattachait aux souvenirs de la dictature conventionnelle et du Directoire, à Carnot. Cette nomination, annoncée dans le Moniteur du 22, fut accueillie comme le symbole d’une sincère alliance entre le nouveau gouvernement et les hommes restés fidèles aux principes et aux intérêts de la Révolution.

Ce fut seulement le 23 que la feuille officielle enregistra la nomination du duc de Vicence au ministère des relations extérieures. Caulaincourt ne croyait pas au succès du nouvel effort que Napoléon était venu tenter : convaincu que, décidés à maintenir l’arrêt de proscription prononcé par eux en 1814, les Alliés repousseraient toute relation diplomatique avec le nouveau gouvernement, il avait opposé, pendant deux jours, les refus les plus opiniâtres aux instances de Napoléon et des ministres déjà nommés. Il ne voulait, disait-il, qu’un emploi de son grade dans l’armée ; là, du moins, il pourrait trouver l’occasion de servir utilement la France et l’Empereur. Sa résistance, à la fin, fut vaincue ; il consentit à se dévouer.

Le duc de Bassano rentra à la secrétairerie d’État ; M. Molé, qui n’avait osé accepter ni refuser le ministère de l’intérieur, sollicita et obtint de remplacer M. Pasquier à la direction générale des ponts et chaussées, que déjà il avait occupée en