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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 2.djvu/316

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— 1815 —

nominations suivantes : Cambacérès au ministère de la justice ; le duc de Gaëte (Gaudin) au ministère des finances ; le comte Mollien au ministère du trésor ; le prince d’Eckmühl à la guerre ; le duc Decrès à la marine ; le duc d’Otrante à la police.

Tous ces noms, moins celui de Davoust, appartenaient à l’ancienne administration impériale : les quatre premiers furent accueillis sans défaveur ; les hommes qui les portaient, hommes spéciaux, étaient convenablement placés. Les deux dernières nominations, en revanche, soulevèrent un blâme universel. Le cynisme et les formes grossières du duc Decrès avaient attaché à son nom une impopularité que ne compensaient ni le talent ni les services rendus. L’immoralité du duc d’Otrante et son improbité étaient proverbiales ; on ne comprenait pas comment l’Empereur, après l’avoir déjà chassé de son conseil, consentait à le reprendre. Cette nomination tenait à deux causes : le nom de Fouché n’avait pas été mêlé aux trahisons qui suivirent la prise de Paris ; l’ancien ministre de la police impériale, à cette époque, se trouvait en Italie ; en second lieu, de tous les anciens dignitaires de l’Empire accourus aux Tuileries le soir du 20 mars, il était celui qui avait prodigué à Napoléon les plus vives protestations de dévouement et de fidélité ; Fouché semblait ivre de bonheur et d’espérance ; et, faisant allusion à une maladroite tentative d’arrestation opérée contre lui au milieu du désordre et du trouble des dernières heures du gouvernement royal, on l’entendait répéter à l’Empereur que son retour lui rendait la liberté et peut-être la vie. Il alla plus loin : devançant les révélations qui pourraient venir à Napoléon sur les intrigues orléanistes auxquelles il venait de prendre une part si active, il eut l’art de se faire un mérite auprès de ce souverain du mouvement avorté des garnisons du Nord ; il lui dit : « Je craignais que Votre Majesté n’éprouvât des difficultés en chemin, et j’avais fait mettre quelques troupes en mouvement pour déterminer le roi à quitter Paris. Mon intention, si ce départ n’avait pas eu lieu, était d’aller à la rencontre de Votre Ma-