Page:Vauquelin - L’Art poétique, éd. Genty, 1862.djvu/30

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i’estois attaché, tous les troubles de ce Royaume auenus de mon âge et le soin de mon ménage m’empescherent de les reuoir et de les faire imprimer alors que leur langage et leur stile eust esté, peut-estre, receu comme celuy de beaucoup qui firent voir leurs ouurages au mesme temps. Mais grand nombre des Poésies de mon siècle et de ceux à qui i’auoy donné de mes vers sont trépassez, et le Roy mort, par le commandement duquel i’auoy paracheué mon Art Poétique : et quant et quant ces doux passetemps tombez en tel mespris, que depuis on n’en a tenu guère de conte. Ce qui fera que ceux-ci venants hors de saison et comme mets d’entrée de table à la fin du dîsner, (ou comme ceux qui après la dixiesme année vinrent au secours de Troye) ne seront si bien receus qu’ils auroient esté du viuant de mes contemporains. C’est pourquoy vn ancien disoit bien à propos, qu’il estoit malaisé de rendre conte de sa vie deuant des hommes d’vn autre siècle que de celuy auquel on auoit vescu. Toutefois ne les pouuant changer ni l’accoutrer suiuant la façon des habits de maintenant, ie les laisse à leur naturel. Et me souuenant qu’en AEtiopie encor que les plus grands et les plus beaux fussent choisis pour estre Rois, que pourtant ceux-là n’estoient chassez du Royaume, ni de la Chosepublique