Des raisons, des discours, pour y former leurs mœurs ;
Vn autre plus sublim à trauers le nuage
Des sentiers obscurcis, auise le passage
Qui conduit les humains à leur bien-heureté
Tenant autant qu’on peut l’esprit en seureté.
C’est vn tableau du monde, vn miroir qui raporte
Les gestes des mortels en différente sorte.
On y void peint au vray le gendarme vaillant,
Le sage capitaine vne ville assaillant,
Les conseils d’vn vieil homme, ecarmouches, batailles,
Les ruses qu’on pratique au siège des murailles.
Les iousles, les tournois, les festins et les ieux,
Qu’vne grand’Royne fait au Prince courageux,
Que la mer a ielté par vn piteux naufrage.
Apres mille dangers, à bord à son riuage.
On y void les combats, les harengues des chefs.
L’heur après le malheur, et les tristes méchefs
Qui tallonnent les Roys : les erreurs, les tempestes
Qui des Troyens errants pendent dessus les testes,
Les sectes, les discords, les points religieux.
Qui brouillent les humains entre eux litigieux :
Les astres on y void et la terre descrite.
L’océan merueilleux quand Aquilon l’irrite :
Les amours, les duels, les superbes dédains,
Où l’ambition mist les deux frères Thebains :
Les enfers ténébreux, les secrettes magies.
Les augures par qui les citez sont régies :
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