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EN CORÉE

y a quelques années, fit naître, en Corée, la terrible révolution dont je vous ai déjà relaté les péripéties.

Taï Wan-Koun, le père du roi, tenta même de faire assassiner la reine, sa belle-fille. Mais celle-ci, justement émue dès les premiers troubles, se confia au dévouement d’un de ses serviteurs et, dissimulée dans une hotte, sortit de son palais pour aller se cacher, pendant plusieurs mois, au fond d’une case coréenne. L’une de ses femmes, ayant, pour mieux faciliter la supercherie, endossé le costume royal, fut égorgée à la place de sa souveraine, et, consolation inappréciable, bénéficia des funérailles préparées pour la reine.

La grande cloche tinta, les coups de fusil et de canon retentirent, annonçant au monde le deuil qui le frappait ; les visages se couvrirent de grossières étoffes ; des processions sillonnèrent la ville de Séoul, se rendant dans les temples pour conjurer les noirs esprits de suspendre les effets de leur colère ; les larmes lavèrent les faces navrées des courtisans, et le roi se choisit une nouvelle épouse !…

Après quelques mois, quand le calme fut rétabli, un beau jour, au son des cloches qui avaient pleuré sa mort, et qui maintenant tintaient joyeuses à sa résurrection, la reine de Corée fit, dans son palais,