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EN CORÉE

une rentrée triomphale et reprit, plus serrées, entre ses mains mignonnes, les rênes du gouvernement.

Cette anecdote m’est contée par mon guide, tandis que je tâche de surprendre les secrets de l’intimité royale ; mais ces dames se savent regardées, et leurs attitudes préparées ne m’offrent aucun intérêt.

Je ne m’y arrête pas.

D’ailleurs, en quittant le roi, une visite s’impose au prince héritier, et ma curiosité sacrifie volontiers à l’étiquette.

Je me rends donc chez le prince, et il m’est absolument impossible de reconnaître un jeune homme de dix-huit ans dans l’être qui, en dépit d’une assez vaste corpulence, a tout l’aspect d’un véritable enfant.

L’unique occupation de l’héritier du trône consiste à rouler entre ses mâchoires une grosse boule d’ambre, pour l’aspirer ensuite en des contorsions ridicules de la langue. Le prince semble à peine s’apercevoir de notre présence, et n’interrompt son intelligent divertissement que pour articuler quelques mots incompréhensibles, que mon optimisme veut croire accueillants.

Le prince, paraît-il, est assujetti à une étude exagérée de la langue chinoise, dont les dix ou quinze