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EN CORÉE

Le Coréen abrite bien ses morts. Il leur construit, suivant ses ressources, une demeure dernière plus ou ou moins élégante et spacieuse, et j’ai recueilli, à ce sujet, certaine tradition que, il n’y a pas très longtemps, on respectait encore, mais qui maintenant est tombée en désuétude. Lorsque des personnages de distinction étaient parvenus à un âge très avancé, afin de leur rendre un suprême hommage, on ne permettait pas à la mort de venir les surprendre. On les conduisait à elle en très grande pompe, comme il convient entre gens de qualité qui vont cimenter une alliance.

Les élus étaient descendus dans une grotte construite et parée pour la solennité. On plaçait, près d’eux, des nattes, des couvertures, des provisions de bouche, des vêtements, des vases, des théières. On leur adressait en adieu des vœux de toute sorte pour le beau voyage qu’ils allaient entreprendre ; le cortège défilait devant eux, leur rendant les honneurs, puis la pierre du tombeau était scellée, et la mort qui guettait avait, dès lors, sa proie assurée.

Cette coutume, barbare sans doute, qui évoque le mystère des sépultures égyptiennes, a dû être en grand honneur en Corée, car l’on y retrouve fréquem-