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EN CORÉE

primer ainsi — qui déroulait, en paroles enthousiastes et choisies, des images aux surprenantes couleurs.

Des mois s’écoulèrent.

Repris par sa vie ancienne, le chargé d’affaires délaissa bientôt sa compagne et rétablit, pour elle, le gynécée coréen.

Puis, un jour, il fut rappelé à Séoul, et, sans songer aux conséquences graves que ce retour devait avoir pour l’ancienne esclave, il la ramena avec lui comme tous les bagages !…

Li-Tsin avait laissé un ennemi à Séoul.

C’était un très haut fonctionnaire, qui, si cachée qu’elle fut, ne tarda pas à connaître la présence de la danseuse du roi.

Le mariage avec un étranger n’affranchit point l’esclave coréenne ; et le roi lui-même, quoi qu’il puisse penser et vouloir, ne fera point libre celle qui est partie intégrante d’une communauté.

Li-Tsin, reprise à son mari, qui ne lutta même pas et l’abandonna indignement, fut réintégrée au collège royal des danseuses et dut reprendre son ancien métier.

Mais, à jamais conquise aux moralités de la civilisation, incapable de meurtrir à nouveau sa chair des