Page:Vautier, Frandin - En Corée, 1905.pdf/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
EN CORÉE

toutefois remis à l’esclave l’argent que le maître refusait.

Je priai le lettré de consentir à m’éclairer sur ce côté obscur et illogique des mœurs coréennes.

Se prêtant d’assez bonne grâce à satisfaire mon désir, le fonctionnaire dépossédé me donna alors les renseignements suivants :

Si le mandarin, privé de ses fonctions soit par la disgrâce, soit par la maladie, n’a pas eu, au temps de sa prospérité, la chance et la prévoyance de s’entourer d’esclaves capables et intelligents ; s’il n’a pas su développer chez eux leurs aptitudes pour les arts et les diverses branches de l’industrie, il est, infailliblement, ruiné et perdu.

Au cas contraire, le produit du travail de ses serviteurs lui étant acquis, il peut vivre et faire vivre sa famille.

L’homme des villes est donc voué à toutes les misères. Celui des campagnes, au contraire, possédant des rizières, est toujours sûr de ne point mourir de faim.

Je tentai de savoir du vieux Coréen pour quel motif il avait perdu sa place.

Mais, cette fois, il devint farouche et se tut.