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EN CORÉE

les richesses qu’elle porte lui pèsent ; elle tend ses flancs au scalpel, qu’il soit hache, sonde ou charrue, et veut être délivrée. Sa fertilité sauvage l’humilie, et elle rêve d’initiations dont quelques rares colonisateurs lui ont murmuré le mystère.

Mes coolies, au nombre de cinquante, s’en vont un à un, remorquant leurs bêtes.

Ils s’étonnent de voir qu’en marchant, je veuille partager leurs fatigues, et surtout que je reste vêtu. Eux n’ont gardé que leur pagne. La sueur ruisselle sur leur corps, tandis que sous mon vêtement de soie, avec mon parasol, mon casque en moelle d’aloès et mes lunettes bleues, je pare assez bien aux incommodités de la chaleur.

À mi-chemin de Tchemoulpo à Séoul, c’est-à-dire après deux heures de marche environ, nous nous arrêterons à l’auberge royale.

Jusque-là, la route montant et descendant sans trêve, parfois presque à pic, les coolies procèdent à la toilette de nos bêtes. On leur attache des espadrilles ; du moins dois-je ainsi désigner l’étrange chaussure faite de paille nattée dont on leur enveloppe le sabot. Il paraît qu’ainsi entortillés, les bœufs ne tombent jamais.