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EN CORÉE

J’en vois bien un ou deux dégringoler le ravin, mais c’est, m’assure-t-on, par un hasard extraordinaire.

Le pays est nu ; s’étendant de chaque côté des chemins, je vois des champs de millet, puis des rizières chaque fois qu’un ruisseau sort de terre, procurant ainsi à cette culture l’humidité qui lui est nécessaire. Le riz, le millet, parfois la racine de manioc, sont à peu près la seule nourriture du peuple coréen. Dans les jours de liesse, on mange du chien.

Jusqu’à Séoul, à des distances presque aussi mesurées que nos bornes kilométriques, je rencontrerai des preuves touchantes de cet altruisme que j’ai constaté dès mes premiers pas en Corée.

Ce seront d’abord, se détachant sur le bleu vif du ciel, pareils à des I gigantesques, des mâts informes surmontés d’une tête monstrueuse, taillée dans le bois et peinte en rouge.

La main coréenne a planté ces poteaux et sculpté ces satyres dans le but supposé d’effrayer les malfaiteurs.

Plus loin, quand les arbres apparaîtront, je trouverai, les entourant, des amoncellements de pierres, tandis qu’aux branches pendront, bizarres ex-voto,