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EN CORÉE

les mœurs de l’extrême Orient, Fong-Shouéi peut être séduit, trompé ou dompté.

À ce sujet, on m’a conté un fait assez caractéristique.

Un grand personnage arrive à Paris. C’était, je crois, l’un des premiers ambassadeurs chinois qui vinrent en Europe. Il était accompagné d’interprètes avec qui fut discutée aussitôt la grave question de trouver un hôtel situé et établi conformément aux lois de Fong-Shouéi. Rien ne satisfaisait aux exigences des éléments. Ici, les toits pointus avec leurs cheminées prenaient une attitude menaçante ; là, un paratonnerre perçait audacieusement les nues ; ailleurs, un édifice luttait contre le vent, qui lui témoignait sa colère par de sourdes vociférations. Bref, l’on désespérait de pouvoir loger M. l’ambassadeur, quand l’un des interprètes eut une idée géniale : celle de circonvenir Fong-Shouéi. Néanmoins, pour communiquer et s’entendre avec la sévère divinité, il fallait s’assurer le concours du sorcier, ministre spirituel attaché à l’ambassade.

Tout d’abord, Yu fit la sourde oreille, déclara que jamais il ne commettrait ce sacrilège de contraindre les dieux au service des barbares. Il s’affirma, tout net, incorruptible.

Nouvelles indécisions, pendant lesquelles M. l’am-