Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

98 COBRESPONDANCE. l’on en donnait A des jeunes. Pour moi, dans les vues d’ambition que j`ai, non pas de grades, car, chaque jour, ils deviennent plus mediocres, mais de reputation, je me trouve furieusement derenge, et je ne suis pas encore sur du parti que je prendrai. Adieu, mon cher Vauvenar- gues; pardonnez-moi cette petite absence, et aimez·moi. 11.- 1,1-; mimi: AU mimi:. Dc Paris. ce 30 avril l738. Je vous suis bien oblige, mon cher Vauvenargues, de Ia part que vous prenez A mon chagrin : il ne m’a pas un seul moment fait souger A quitter; j'ai voulu toujours rester dans la passe. Uambition me de- vore, mais d’une facon singuliere : ce n’est pas les honneurs que j’em- bitionne, ni l’argent, ou les bienfaits, mais un nom, et, enlin, d’etre quelqu’un; pour cela, il faut etre dans un poste. Cette espece d’am- hition m’a fait retourner de bien des cotes, et au point que, si, dans la conjoncture presente, j’avais voulu un regiment dans un service _ etranger, je savais ou le trouver; mes 'amis et ma famille s’y sont op- poses. On m’a represente que j‘avais trop de bien dans ce pays·ci, pour prendre un pareil parti; j’ai cedé; il a donc fallu tacher de se mettre, ici, A meme d’aller son chemin; je l’ai fait, et, dans peu, vous verrez si je vous trompe; je ne saurais vous en dire davantage A present. Quant A la tlexibilite, elle n’est nulle part moins que chez moi. Tai vu M. votre pere chez M" de Valbelle *; il a vingt-cinq ans de moins qu’A Aix, un visage plein et frais; je ne le reconnaissais pas; je ne puis vous en dire plus, car je ne l`ai point vu chez lui. Tout oeci m‘a‘ furieusement derange, et puis, j’ai encore des alfaires plus particu- lieres. Adieu, mon cher Vauvenargues. Que l`on est heureux lorsqu‘on est aussi philosophe que vous l‘étes! ¤ Marguerite-Dolphine de ValbeIle·Tourves. Elle avait epousé, en 1723, sou cousin Andre-Geoh‘roy de V albelle, marquis de Bians, baron de Meyrargues, etc.; ce mariage uvait reuni les deux dernieres branches de la maison de Valbelle, dont le dernier representant male fut mis A mort, A Marseille, pendant in Terreur, en i79l•. -— G.