Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/148

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l 132 CORRESPONDANCE. un mot, de tous les ouvrages qui pouvaient tlatter Ia lenteur de votre humeur et la profondeur de votre esprit, qui vous a coniirmé; et c’est sur les écrivains faibles, et qui, de ceux-la, n’ont que les défauts, que vous jugez le bel-esprit. _J*appelle gens d’esprit ceux qui, occupes de vivre, ne se livrent a leurs talents que par amusement et par entbou- ‘ siasme, et non ces gens qui palissent sur les livres; le commerce de ceux-ci ne saurait etre qu’insipide; mais celui des autres, et, surtout, quand ils appuient sur le gout, ne saurait etre que tres-agréable; vous apprendriez a discemer ces deux especes de gens, pour peu qu’un ami vous tirat de cette inaction. Quand vous auriez plus de santé et de _ gout pour la gloire, vous ne sauriez faire naltre la guerre, et ne seriez pas capable des bassesses qu’il faut pour s’avancer a la cour *. Je sens par mol-meme, qui, ayant plus d’imaginatio_n que de jugement', ern- _ brasse toute sorte d’objets, que les plus dignes de moi sont dans un ‘avenir presque impossible : dois-je, pour cela, négliger des talents qui peuvent me donner de Pagrément ’ 7 Non; je travaille, pour m’occuper; cela m’a.muse, et je me forme une grande facilité dans toute sorte de gemes d'écrire. Mais, encore un mot de vous : vous enfouissez, si vous _ ne travaillez, les plus grands talents du monde •! Je ne seme point ici de louanges, c’est la vérité qui parle; des gens du meilleur gout, ayant vu vos premieres lettres, m’obligent a leur envoyer toutes celles que je recois de vous, et je les ai entendus s’écrier, quand je leur ai dit que vous n’aviez pas 25 ans * : Ah! Dieu! quels hommes produit cette Pro- vence! Adieu, mon cher Vauvenargues. Je serai en Provence cet au- `tomne, et a Paris, cet hiver; adieu; aimez-moi toujours, et envoyez- moi votre adresse; écrivez-moi ici. ¤ Mirabeau suppose que Pambition de son ami est encore tournée vers la guerre; il est présumable qu’a ce moment, Vauvenargues en était deja rc- venu, et qu’il songeait, sinon t la cour, du moins aux affaires; nous le ver- rons dans les Lettres suivantes, il ne pensait pas, comme Mirabenu, que, pour s’avancer de ce coté, la bassesse fnt indispensable: il ne voycil pas cette question des mime: yeux. (Lettre 50*.) - G. ¤ Ici encore, Mirabeau se rend pleine justice. -— G. ¤ Vsuvenargues, a qui Mirabesu fait la lecon,l’entendait autrement zquand le moment sera venu d’écrir·e, il se proposera sutre chose que son agrément ou que sa propre satisfaction. — G. • On voit combien Vauvenargues attirait Pattention, puisqu’il forcait a ce point celle de Mirabeau, qui, le plus souvent, n’avait de regards que pour Iui·méme. - G. ' ' Vl·!!Y?·¤P"8¤¢6 n°nvait pas encore 2h ans. (Voir ls lettre suivame.)—G.