I · CORRESPONDANCE. 133 3lt. + VAUVENARGUES A MIRABEA U. ‘ 4 um. le so mai mo. . Je suis bien aise, mon cher Mirabeau, que vous me trou- viez le génie anglais; il y a déja trois ou quatre ans qu’on ` m’en a trouvé la figure, et, quoique la figure d’un Anglais, en France, soit celle d’un homme qui a la consumption, cette prétendue ressemblance n’a pas laissé de m’attacber a eux. Je n’en ai jamais connu aucun particuliérement, et je n’ai jamais lu de leurs ouvrages que M. Pope et M. Locke *, . et le Pamdis perdav; mais j’honore fort leur génie : tout ce que j’en entends dire me le rend recommandable, et, puisque vous trouvez que j’en ai des rayons, je prends un degré d’estime et ‘d’amitié de plus pour la nation. · Si vous pouviez me faire lire, vous n’auriez aucune peine a me plier aux lectures qui émeuvent les sentiments; ce sont les seules qui me plaisent, et qui flattent ma paresse; les autres me fatiguent et m’ennuient; je n’en ai guére fait en ma vie, et, si vous connaissiez ma profonde ignorance, vous changeriez bien de ton. Je ne sais, mon cher Mirabeau, si c' est a moi a vous détromper, mais vous me donnez des louanges si excessives , qu’e11es m’étonnent toujours. Vous n’etes pas le seul, peut-etre, qui vous grossissiez mon idée ’ : je voudrais avoir assez de vanité pour l’adopter, et croire it tous les compliments. C’est cette crédulité qui fait le bon- heur de Pépin; elle ferait aussi le mien; mais je suis trop pres de moi, pour m’éblouir; je vois le fond de mon esprit, et ce qui trompe en sa faveur : je hais le jeu et les femmes, du moins,·ce1les que je connais; cela fait que je ne vais guére dans le monde, et que je m’y ennuie extrémement;
- Voir, dans le Traité sur le Libre-Arbi¢1·c,la note de la page 206. -· G.
¤ c’est-A-dim muon. -6.
- En effet, dans la Lettre 31•, nous avons vu que Vauvenargues se defend,
neg la meme modestie, contre les louanges que Saint·Vincens lui adresee.
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