Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/189

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CORRESPONDANCE. 173 patrie il y a, se presentaient, je les saisirais ettacherais de m‘en tirer. Du reste, je ne suis oblige qu’aux devoirs de ma position, et oeux de Kyri¢·Eleison de Ilontaubaa *, sont des aeeessoires, et ne sont point nes avec moi. Vous avez vu mepriser Voltaire, dites-vous, par des gens qui ne le va- lent pas : le mepris des imbeciles est ordinairement le sceau de l’estime publique. Il s’en taut de beaucoup que je l’estime comme nombre d’au- tres auteurs illustres *; il a degrade ses talents, mais iis n’en sont pas moins respectables. Geux qui méprisent Voltaire se rangeraient, `s’il pas- sait, je Pai vu souvent arriver; iis n’auraient jamais connu M. Arouet, et auraient peut-etre de la peine a parvenir aux antichambres des cabi- nets ou il est soubaite. La gloire du bel-esprit est, je l’avoue, un petit objet, psu compara- ble a eelle du bon esprit; cependant, eu egard e la vie rampante du vul- gaire, elle donne bien des agrements, croyez-moi; non que je l’aie voulu experimenter, ca1·j’ai toujours fui l’éclat sur cela. ~ You ues orjevre, monsieur Jesse *, quand vous dites que la rime et la mesure lient la sagacite! Dans les eudroits les plus heureux des plus beau: ouvrages, la mesure a elevé Pimagination de l’auteur, et plus _ d’un a souvent dd a la rime les plus singulieres et les plus fortes pen- sees. La plupart des sectateurs de la fortune sont bas; je puis, dites-vous, suivre la meme route, et avoir Fame noble, en cbangeant seulement d’objet; deraison que tout cela! L’on a vu, au milieu des siecles les plus corrompus, de grands hommes, et par consequent en place, la vie pri- vee ne laissant pas de mémoire; mais ces gens-la étaient nes tout portes dans les emplois. Moi, j’irais courre la meme lice avec des bommes corrompus, et valeter avec des laches! Non! ces gens·la sont bons dans la sociéte civile; mes amis restent ensuite a mon cceur, et c’est tout ce que je veuxt — Des gens déshonores se soutiennent, dites-vous,_dans le monde par de Peifronterie, et vous, qui n’avez riena vous reprocher, vous quitteriez Ia partie? — Oui! oi: Pimpudenee est un appui, quel parti doit prendre ' Fhonnéteté? _ 4 Voir la gm de la Lettre 53*. —- G.

  • De son te, Voltaire faisait peu de cas de Mirabeau; il s’etonnait qu’on

le pri! sérieusemenl, et le regardait comme un fou, avec de bona moments. (Voir, entre autres, ses lettres du as et du at deeembre 1760, t madame d’E:· pinay, et au comte d’ArgentaI.) — G.

  • Molibre, L’A mour médecin, acte I", scene 1**. —— G.