Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/203

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CORRESPONDANCE. 187 qu’elle _couvre de ridicule jusqu’aux meilleurs sentiments; que l' on ne puisse, du moins, dire ce qu’on estimerait le plus, et que, meme entre amis, entre philosophes, on doive cacher _ _ses pensées, pour respecter la mode et le gout de son siécle, comme s’il n’y avait rien de raisonnable et de bien, hors de la plaisanterie et des maximes des gens du bel-air? Yous voyez , mon cher Mirabeau, que je ne le pense pas, et que je me ‘ donne carriére. Les sentiments dont je vous parle, ce sont ceux que j’ai taché d’i¤spirer a votre frére, ce sont ceux que je vois en vous, et je les vois si clairement, que, si vous étiez grand seigneur, je craindrais que vous ne crussiez que je vous veux faire ma cour. `Si j’ai pourtant quelques prin- cipes qui ne vous soient pas communs avec moi, je ne veux pas les cacher, ni surprendre votre amitié; mais j'espere que ma franchise me tiendra lieu de quelque chose, et que vous, qui m’aimez un.peu, et qui adorez la vérité,‘ vous m’aimerez doublement, quand vous la trouverez en moi. Ce que je dis de la sévérité combat l’exemple d’un pere *, qui soutenait ce défaut par de grandes vertus, par un esprit ` solide, et par une éloquence male ; je serais bien faché d'at- taquer sa mémoire; mais, comme elle me condamne, qu’elle vit dans votre cceur, et y confond peut·etre les vertus et les défauts, je crains qu’un respect si juste ne soit un préjugé contre mes sentiments. Ne me cachez point ce qui en est: il n’y a point de vérité, quelque dure qu’elle soit, qui puisse altérer Yamitié que j'aurai toujours pour vous. Adressez-moi votre premiere lettre a Metz, ou je serai jeudi soir; il n’est aujourd'hui que lundig mais j’écris de provision, parce que mes yeux le permettent, et que je veux cn profiter. ` ll y a beaucoup a répondre a ce que je vous dis sur la ri- gidité: quand je lui préfére le vice, ce n’est pas par rétlexion, je crois que vous m’entendrez, c’est par gout et par senti-

  • Le marquis Jean-Antoine avait été severe, en ed'et, pour ses enfants, `

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