Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/216

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· 200 CORRESPONDANCE. il n’y ait quelque changement, je crois que votre frére ferait · bien de l’attendre avec nous. Que ferait-il a Mirabeau? vous le verrez, c’est fort bien, et vous lui donnerez de bonnes instructions, mais tout cela, sans pratique et sans exemples sensibles; cependant, il en a besoin. Son esprit est raison- nable ; mais il est trop nu, trop raide, trop négligé, dans tous les sens; il lui faut un peu d’usage et un peu de pa- rure. La bonne compagnie lui est fort nécessaire, et c’est ce qui lui a manqué, depuis qu’il est au regiment : sa jeu- nesse et ses aifaires l’ont mis souvent, dans des auberges, ` avec des jeunes gens peu riches et asses mal élevés, car cela est inséparable; s’il y a quelque chose de bon a apprendne dans ce régiment, il n’en a pas été a portée; ce n’a point été sa faute, ni celle de son Mentor, mais celle de sa pen- _ sion, qui n’a pu suflire a tout, quoique trés-bien ménagée, et assez considérable. Je crois donc qu’il serait bien qu’il nous restat, cet été, parce qu’il commence a connaltre le monde, et a vivre avec tous; je m'imagine qu’il n’y perdrait rien, et qu’il pour- rait y gagner. Lorsque l’automne viendra, vous le pourriez rappeler, et Ie mettre a l’académie ‘ ; il y entrerait au mois d’octobre, et y passeraitl’hiver; vous- serez alors a Paris; vous le verriez, vous l’instruiriez, vous lui procureriez des connaissances; cela le formerait beaucoup, et lui donnerait ces dehors qui plaisent tant dans le monde. ll a trop de bon sens et trop de nature], pour se coiifer de la sottise des jeunes gens de Paris, pour prendre leur vanité, leurs ridi- cules, leurs airs, leur folle dissipation ’; mais il est bon qu’il les connaisse, qu’il vive un peu avec eux, pour qu’il apprenne a se défendre de leur ascendant naturel, a humi- lier leur orgueil, a saisir leurs miseres, a trav ers leurs belles paroles et leurs belles maniéres. Si tous les hommes étaient

  • On appelait alors académics, des écoles on los jeunes gens allaient ap-

pregdre Péquitation, Pescrimc, la dause, et lcs ditférents exercices du corps.

  • liapprochoz du 8·· Caraclére. —— G.