Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/217

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I CORRESPONDANCE. 201 sages, ou qu’on ne voulut plaire qu’A la sagesse; qu' on u’eut jamais besoin de la folie, et que tout ce qui n’est pas sage _ n’eut rien d’aimable ni de bon, il n’y aurait qu’A former son cceur, et A se rendre raisonnable, dans le particulier; mais, quand on veut passer sa vie dans le monde, lui plaire, rénssir, et. qu’on sait que le monde est rempli d’ignorants, E de sots, de gens ridicules, alors ce n’est pas asses d’avoir, · A part soi, beaucoup de raison; il faut s’armer de toutes ‘ pieces, et weber d*écrémer tous ces esprits légers, prendre ce qu’ils ont de spécieux, pour leur oter leurs avantages, familiariser avec leurs vices et leur folie, aiin de savoir s’en servir, s’en prévaloir, ou s’en défendre, au lieu de fuir, de - gronder, ou de se laisser éblouir. Il y a unerellexion A faire pour le chevalier, c’est la dépense; mais, si vous m’approuvez d’ai1leui·s, je crois que cette réilexion ne peut vous retenir : cent pistoles au- delA de sa pension, que madame votre mere et vous pouvez lui donner ou lui preter, feraient ce que je vous propose, et, quand il aurait passe ces six mois-IA A Paris, il revien- drait au regiment, ou il serait tout l’été, et l’hiver, A Aix, avec M"'• votre mere. Tant qu’il serait academiste, je vou- drais qu' il f ut pensionnaire, sans quoi il vous serait A charge, et vous embarrasserait; Ason retour, il serait assez vieux, et assez instruit du monde, pour voir celui de Provence, et pour ` bril1oterA Aix. LA, le commerce des femmes pourrait lui etre fort utile, etcela le rompraitbeaucoup; il irait ensuite A Malte, et ferait ses caravanesk Que vous semble de cette idée? ' Quand on veut vivre dans le monde, je crois qu’il y faut entrer le plus tot qu’on peut; lorsqu’on y arrive trop tard, on est gauche et ridicule; l’on a peine A reussir; cela de- goilte et decourage; on fuit la bonne compagnie, ou l’on y . l CUDPBQIIQS SUP DIGI', 80 nombre de qU8£|'8, qll8 IGS j€ll!l08 Cl’l6V8u0l‘8 di! Malte étaient tenus de faire, contre les Turcs et les Barbaresquea, pour ae mettre en passe des commanderies et des emplois supérieurs de leur ordre. Ces expe- ditions étant, le plus aouvent, pour ces jeunes gem, une occasion de licence, 0ll COIlpl'€Dd q� l°8XpI'€S8l0l1 fdift 868 CGflwGf|68 Rl! Téqll UD 8808 déf8VOI'lbl€, et ae dise d’nn jeune homme qui mime une vie folle et dissipée. —— G. x .