Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/221

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I CORBESPONDANCE. _ N5 qu'elles ·sont sincéres, que je pourrais, sans bassesse, les accepter, et que tu m'aimes assez pour qu’il me soit diffi- cile d’abuser de .ton amitié; mais j’ai fait espérer dans ma famille. mon retour pour le tnois d’aout, et j’aurais.bien de Ia peine a leur faire approuver le reste. Mais je ne saurais trop te répéter combien je suis reconnaissant et touché de ` ton amitié, et de la maniére dont elle s’exprime : je n’ai • j jamais vu, ce me semble, de lettres si naturelles, si pré- i cises, si claires, si faciles que les tiennes, et si pleines de sentiment. Je pourrais te dire cela d’une maniére plus po- lie, mais tu croirais que c’est un compliment, et ce n’en est point un. ] D’0`l vient que tu ue me dis pas quellesorte de travail t’occupe pendant quatre heures, sans aucune interruption? J’ai peur que ce ne soit le droit, et que cette étude aride ne te fasse négliger celle des belles-lettres; tu ne sais pas jus- qu’a quel point tu aurais pu y réussir; nous en parlerons l'hiver prochain . Tu croiras que je dis cela pour te regagner: ce n’est. pas mon intention; mais si tu sais quelque moyen de t’adoucir a mon égard, tu me feras grand plaisir de me l'indiquer; car il n'y a rien que je ne fasse, pour eifacer l’aigreur que tu crois avoir vue dans la chaleur de mes re- proches. Je te supplie, du moins, de croire qu°en t’oi!`rant, comme j’_ai fait, de m’acquitter avec toi, je n’ai jamais été ficbé un seul moment de te devoirt : Dieu m’a donné, pour ' mon supplice, une vanité sans bornes, et une bauteur ri- » dicule, par rapporta ma fortune; mais je ne suis pas assez . sot pour la placer aussi mal. J’ai toujours regardé comme ` un bien d’avoir desmarques indubitables de ton amitié; bien loin qu’e1les m’aient été a cbargependant ces froideurs ap- parentes, elles m’en ont consolé; et je m’estimerais beureux de trouver cette ressource contre mes tristes soupcons. Je te jure, mon cher Saiut·Vincens, que je dis vrai; ne me fais point l’injustice de douter de ce sentimuat; ce serait

  • Voir Ia note de Ia pago195. —— G.