Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/222

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206 _ CORRESPONDANCE. trop me punir, et tu dois tout oublier; je tele demands a _ geuoux, et t’embrasse de tout mon cosur. Mande·moi s' il est necessaire de mettre au·dessus de tes lettres M. de Saint·Vincans file ; j’ai tant de peur qu’elles ne tombent dans les mains .de M. votre pere, que je ne crois pas qu’on puisse prendre trop de precautions. ` 61. —— LE MEME A MIRABEAU. ‘ A Metz, le l0 mai IHO. . J’attendais, mon cher Mirabeau, d’avoir votre reponse a ma derniere lettre, pour vous donner de mes nouvelles. Celle que vous m’ecrivez, au su jet de votre frere, ne soulfre point de replique; vous y etcs trop decide; cela me ferme la bouche. J’aurais pourtant bien a repondre, si je voulais entrer en matiere, et j’ai la vanite de croire qu’u¤e heure de conversation nous reunirait la-dessus; mais je ne puis pas vous ecrire tout ce que je vous dirais, et j’aime mieux ne souiller mot, que de ne parler qu’a moitié. . Je sais bien ce qui nous separe au sujet du chevalier : · la raison et la probite vous sont aussi cheres qu’a moi ; vous etes persuade qu’elles peuvent suffire au bonheur de tous les ° bommes, et j’y mets quelques exceptions; vous croyez qu‘il — depend de nous de nous former un caractere, et vous ne donnez qu’une route et qu’un objet ah tous les esprits; moi, ' je voudrais que chacun se rnesurat a ses forces, que l’on consultat son genie, qu’on s’etudiat a l’etendre, a l’orner, a l’embel1ir, bien loin de le contraindre ou de l’abandonner. - Je suis fortement persuade que ce qu’il y a de meilleur n’est pas fait pour tous les bommes, et qu’au-dessous de ce _ degré, l’on en peut trouver d’estimables, d’aimables. de raisonnables. Du reste, le chevalier s'abandonne a vos con- seils; il n’en prendrajamais d’autres, et ne peut faire mieux; je voudrais seulement en olui des volontés plus decidees, et