Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/48

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vent surmonter leur instinct, ou sortir, en ce point, des regles génerales,

CÉSAR.

La tienne était haute et sensible, et cependant. ..

BRUTUS.

Je m’étais laissé imposer par les discours et la philosophie de Caton ; j’aimais ardemment la gloireg cette passion étouffa en mon cceur toutes les autres. Mais daigne croire qu’il m’en a couté pour trahir ce que je devais a ton amitié et a ton mérite.

CÉSAR.

Va, je t’ai pardonné, meme en mourant. L’amitié va plus loin que la vertu, et passe en magnanimité la philosophie que tu as professée.

BRUTUS.

Tu parles de l’amitié des grandes ames, telles que la tienne. Mais ce pardon généreux que tu m’accordes augmente mon repentir ; et je n’ai de regret a la vie que par l'impuissance ou me met la mort de te témoigner ma reconnaissance.


_ 10. — MOLIERE ET UN JEUNE HOMME;

LE JEUNE HOMME.

Je suis charmé de vous voir, divin Moliere. Vous avez rempli toute_l’Europe de votre nom, et la réputation de vos ouvrages augmente, de jour a autre, dans le monde.

MOLIERE.

Je ne suis point touché, mon cher ami, de cette gloire: j’ai mieux connu que vous, qui etes jeune, ce qu’elle vaut;

Voir, sur Brutus, une lettre éloquente de Vauvenargues à Mirabeau, datée de Verdun, Ie ii mars 1760. — G.