Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/59

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DIALOGUES. 43 ancmtueu. _ - Hé! croyez—vous vous-meme, mon cher cardinal, qu’on puisse gouverner les hommes sans les tromper? ` nnzaam. Je n’ai que trop montré, par ma conduite, que je ne le croyais pas; mais on m’en a fait un grand crime. RIQHELIEUJ C’est que vous poussiez un peu trop loin la tromperie ; c’est que vous trompiez par choix et par faiblesse, plus que par nécessité et par raison. ‘ ` . Mazamiv. ` _ Je suivais encela mon earactére timide et defiant. Je ` n’avais pas assez de fermeté pour résister en face aux cour- tisans; mais je reprenais ensuite, par ruse, ce que j’avais cédé par faiblesse. · · - mcrmnau. Vous étiez né avec un esprit souple, délié, profond, pé- nétrant; vous connaissiez tout ce qu’on peut tirer de la faiblesse des hommes, et vous avez été bien loin dans cette science. { mzaum. ' ‘ — Oui, mais on m’a reproché de n’avoir pas connu leur force. _ urcmamzu. Tres-injustement, mon ami. Vous la connaissiez, puis- que vous la craigniez; mais vous ne Yestimiez point. Vous étiez·vous·méme trop faible pour vous en servir, ou pour la vaincre; et, ne pouvant la combattre de front, vous 1’at- taquiez par la finesse, et vous lui résistiez souvent avec succés. . mzamu. Gel: est assez singulier, que je la méprisasse; et que, ce- pendant, je la craignisse. V ·