Page:Vauvenargues - Œuvres posthumes éd. Gilbert.djvu/58

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42 DIALOGUES. 13. -- RICHELIEU ET MAZARIN. ‘ _ mzlmm ’. Est-il possible, mon illustre ami, que vous n’ayez jamais use d8 tl'0lIlpBl‘iB dans V0tl'B·miIli8tél‘G? · ‘ a été plus loin que Beileau : il dit expressément que le cardinal fat aussi alarmé du succés prodigieux du Cid que s’il ent vu les Espagnols aux portes de Paris. Cette exagération de la part du petit-neveu de Corneille s’est genera- lement répandue, et elle prete taut a la déclamation, elle est si favorable a la vanité des auteurs, qu’il est diilicile d’en douter sans soulever une foule d’es- prits qui la regardent comme unc vérité lnistorique. Cela ne ufempecbera pas d’en dire mon sentiment, d’api-es l’opinion que j’ai concue du cardinal de Ri- chelieu et de l’esprit de son ministers, l’une des époques les pluslntéressantes de notre bistoire. Le souvenir des guerres civiles n’était pas encore eifacé du coeur des Francais; la paix était rétablie dans l’Etat, mais il était aisé de voir qu’il existait dans les esprits une fermentation sourde, qui aurait éclaté sous une ad- ministration moins énergique que celle du cardinal de Richelieu. Ce ministre avait trop de lumieres pour ne pas apercevoir cette agitation générale et les consequences qui pouvaient en resulter. ll prit une resolution digne de son génie, se mit a la tete de l’opinion publique pour la diriger, et fournit un aliment a Pactivité des esprits. Ce fut alors qu’il fonda l’Académie Francaise, qu’il encourages les lettres, les sciences et les arts, protégea ceux qui les culti- ` vaient, les appela autour de lui,` leur donna de la consideration, et tixa tous les regards snr la gloire littéraire et les travaux de la pensée. Cette impulaion donnée surpassa les espérances du cardinal. Les Francais, accoutumés aux querelles de religion, s’occuperent alors de débats et de discussions littéraires. Un sonnet, un madrigal, attiraient Pattention de la cour et de la ville. A cette époque parut le premier chef-d’oeuvre de Corneille; il excita un entbousiasme ct une admiration générale. On ne s’entretenait que du Cid, on ne se lassait ‘ _ point de le voir. Tout fut oublié pour le Cid. Le ministre saisit cette occasion pour suivre son plan. Il lit faire la critique de cette tragédie, comme Alci- biade fit couper la queue de son chien, atin que les Athéniens, occupés de cette bizarrerie, ne cherchassent point a contrarier ses vues politiques *. Je ne vois dans la conduite du cardinal de Richelieu que beaucoup d’adresse,_et point du tout un sentiment d’envie, indigne d’un grand ministre. Observez, de plus, qu’a cette époque meme, Corneille jouissait d’une pension que lui faisait le cardinal. L’envie n’est pas si genéreuse. Au reste, le mouvement imprimé aux esprim par la politique de Richelieu ne s’est pas arreté : il a élevé la France a un haut dcgré de gloire littéraire, et e’est peut-etre a cette conception politique que nous devons les chefs·d’ceuvre qui ont illustré le regne de Louis XIV et celui de son successeur. — S. -

  • Mazarin (Jules), né A Piscina dans l'Abruzze, le in juillet 1602, de la

famille des Martinozzi, mourut lc 9 mars t66i. - B. ' Cette assertion ds Suard, qui n`est pas préssntée comme une simple conjecture, mais fgxneiixz} fait Hors dedontr, peut paraitre, an moins, hasardée, et {Rus charitable que