Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/112

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me principe, la haine rabaisse ceux qui en sont l’objet, avec le même soin que l’amour les relève. Il est impossible aux hommes de se persuader que ce qui les blesse n’ait pas quelque grand défaut ; c’est un jugement confus que l’esprit porte en lui-même, comme il en use au contraire en aimant.

Et si la réflexion contrarie cet instinct, car il y a des qualités qu’on est convenu d’estimer, & d’autres de mépriser, alors cette contradiction ne fait qu’irriter la passion ; & plutôt que de céder aux traits de la vérité, elle en détourne les yeux. Ainsi elle dépouille son objet de ses qualités naturelles, pour lui en donner de conformes à son intérêt dominant. Ensuite elle se livre témérairement & sans scrupule à ses préventions insensées.

Il n’y a presque point d’hom-