Aller au contenu

Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ainsi leur vertu dépend de leur fortune. Que manquait-il à César, que d’être né souverain ? Il était bon, magnanime, généreux, hardi, clément personne n’était plus capable de gouverner le monde & le rendre heureux :

s’il eût eu une fortune égale à son génie, sa vie aurait été sans tache ; mais parce qu’il s’était placé lui-même sur le trône par la force, on a cru pouvoir le compter avec justice parmi les tyrans.

Cela fait sentir qu’il y a des vices qui n’excluent pas les grandes qualités & par conséquent de grandes qualités qui s’éloignent de la vertu. Je reconnais cette vérité avec douleur : il est triste que la bonté n’accompagne pas toujours la force, & que l’amour de la justice ne prévale pas nécessairement dans tous les hommes & dans tout le cours de leur vie, sur tout autre amour ; mais