Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/206

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Si pourtant on est obligé à prendre des réfolutions extrêmes, il faut les embrafler avec courage & fans prendre confeil des gens médiocres ; car ceux-ci ne comprennent pas qu’on puifle aflez fouffrir dans la médiocrité qui est leur état naturel, pour vouloir en fortir par de si grands hazards, ni qu’on puisse durer dans ces extrêmités, qui font hors de la sphere de leurs sentimens. Cachez-vous des esprits timides. Quand vous leur auriez arraché leur approbation par furprife, ou par la force de vos raifons, rendus à eux-mêmes, leur tempéramment les rameneroit bien-tôt à leurs principes, & vous les rendroit plus contraires.

Croyez qu’il y a toujours dans le cours de la vie beaucoup de chofes qu’il faut hazarder, & beaucoup d’autres qu’il faut méprifer : & confultez en cela votre raifon & vos forces.