On ne peut juger de la vie par une plus fausse règle que la mort.
Il est injuste d’exiger d’une ame atterrée & vaincue par les secousses d’un mal redoutable, qu’elle conserve la même vigueur qu’elle a fait paroître en d’autres temps. Est-on surpris qu’un malade ne puisse plus ni marcher, ni veiller, ni se soutenir ? Ne seroit-il pas plus étrange s’il étoit encore le même homme qu’en pleine santé ? Si nous avons eu la migraine & que nous ayons mal dormi, on nous excuse d’être incapables ce jour-là d’application, & personne ne nous soupçonne d’avoir toujours été inappliqués. Refuserons-nous à un homme qui se meurt, le privilége que nous accordons à celui qui a mal à la tête, & oserons-nous assurer qu’il n’a jamais eu de courage pendant sa santé, parce