Page:Vauvenargues - Introduction à la connaissance de l'esprit humain 1747.djvu/51

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pe, le bas, le naïf, le sublime, &c.

Il est vrai que les habiles réforment nos jugemens, mais ils ne peuvent changer notre goût, parce que l’ame a ses inclinations indépendantes de ses opinions ; ce que l’on ne sent pas d’abord, on ne le sent pas par dégrés, comme l’on fait en jugeant. De-là vient qu’on voit des ouvrages critiqués du peuple, qui ne lui en plaisent pas moins ; car il ne les critique que par réflexion, & il les goûte par sentiment.

Que les jugemens du Public épurés par le temps & par les Maîtres, soient donc, si l’on veut, infaillibles ; mais distinguons-les de son goût, qui paroît toujours récusable.

Je finis ces observations : on demande depuis long-temps s’il est possible de rendre raison des matieres de sentiment : tous avouent