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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/102

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je suis sûr que ce simple sentiment de bonheur de vous sentir près de moi est de l’amour.

La magie des mots commençait à agir sur Colette ; déjà, elle avait retiré sa main de sur la poignée de la portière et elle écoutait. Elle s’empêcha de murmurer : « Parlez encore. »

D’autres mots chargés d’amertume lui vinrent aux lèvres :

— N’aviez-vous pas une cérémonie l’autre mercredi ?

Elle avait presque chuchoté, mais cette phrase insidieuse arrêta les paroles d’amour dans la gorge de Chavanay.

— Ah !… Vous savez ?

Colette savoura son triomphe comme elle eût savouré un gâteau empoisonné : avec désespoir.

— M. Fourcaud me charge de lui rappeler non seulement ses rendez-vous d’affaires, mais également ses devoirs civils.

— Et c’est pour cela que vous refusez de me revoir ?

Il voulut lui saisir le bras. Avec promptitude, elle ouvrit la portière et se glissa hors de l’auto.

— Écoutez-moi.

— Je ne vous ai que trop écouté sachant ce que je savais. Que penserait votre fiancée, monsieur, si elle nous surprenait ?

Elle goûta toute la cruauté de ces derniers mots et elle claqua la portière.

— Colette !

Un taxi en maraude approchait, la jeune fille le héla.