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Page:Vavasseur - chatelaine un jour.djvu/101

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souvenir s’en allait à la dérive sous le flot de mensonges de cet homme.

« Mercredi dernier, il devait se marier, pensait Colette, et, lundi, il m’invitait à Deauville. Pour une raison quelconque, sa fiancée lui aura rendu sa parole et il veut se venger d’elle avec moi, le joli monsieur ! »

Belle occasion. Rien ne manquait à la mise en scène, l’auto et cette déclaration d’amour en remontant la plus belle avenue du monde. Il ne s’arrêterait qu’au Bois, et rien ne s’opposerait à un dîner en tête à tête au Pré Catelan ou au Pavillon d’Armenonville ou en quelque autre lieu où il était sûr qu’on les vît.

De fait, il avait contourné l’Arc de Triomphe et ils descendaient l’avenue Foch.

— Vous vous méprenez, monsieur Chavanay. Arrêtez-moi ici, je vous prie, et brisons là.

Il freina aussitôt et il arrêta son auto au bord du trottoir.

— C’est vous qui vous méprenez, mademoiselle. Je vous l’ai dit, je ferai suivant votre désir, mais je vous supplie de ne pas prendre de décision aujourd’hui.

— Laissez-moi.

— J’ai cru comprendre que la joie que j’éprouvais lundi à ce que vous fussiez près de moi avait trouvé son équivalent chez vous. Et cette joie était trop immense pour qu’elle ne fût qu’une simple satisfaction. Je suis un piètre amoureux, n’est-ce pas ? Je ne vous dis pas de grands mots, parce que les grands mots, à force d’être galvaudés, ont perdu toute valeur. Mais